Centre des Opérations d'Urgence Sanitaire.
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Hôpital de Fann en face du CNLS (Comité National de Lutte contre le Sida)

Depuis novembre 2016 dans le district sanitaire de Maka Colibantang dans la région médicale de Tambacounda au Sénégal, lorsqu’un infirmier ou une sage-femme d’un poste de santé a besoin d’évacuer un patient vers le centre de santé du district ou l’hôpital régional de Tambacounda, il ou elle envoie un seul SMS et tous les concernés se mobilisent immédiatement pour l’évacuation. Le centre de santé de Maka Colibantang est à 80 kilomètres de la ville Tambacounda qui est elle-même à 450 kilomètres au sud-est de Dakar. La région médicale de Tambacounda compte 7 districts sanitaires et un hôpital régional. La population totale est de 812 075 en 2018.

Le district sanitaire de Maka Colibantang compte 1 centre de santé de référence et 10 postes de santé. A la tête du district, il y a un médecin chef de district. On compte 2 médecins dans tout le district. La population totale du district est de 81 884 habitants pour une superficie de 4 071 km2 soit une densité de 38 habitants au km2. Les 8 postes de santé ont chacun un infirmier et une sage-femme. 2 postes n’ont pas de sage-femme. Cet état des lieux nous a été fourni par le médecin chef du district, le Dr Tidiane Gadiaga.

Grâce à la plateforme mInfoSanté développée par le Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS) et le Ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS), le texto envoyé à partir du poste de Colibantang, par exemple, est vu par tous les autres postes du district, par le médecin chef et son équipe au niveau du district. Avant le départ de l’ambulance, on se prépare déjà au centre de santé du district à recevoir le patient parce que le message reçu par tous contient un premier diagnostic.

M. Bassirou Ndiaye, l’infirmier chef de poste (ICP) de Saré Diamé ne tarit pas d’éloges à propos de mInfoSanté : « L’évacuation est devenue très simple et en plus on a le soutien des autres ICP. Ils vont appeler et nous soutenir. Je suis très, très, satisfait en plus il n’y a pas de frais. On partage tout, les informations, les réunions. Ça nous a beaucoup aidés. Avant pour appeler les gars, c’était très compliqué ».

Au poste de santé de Mboulemou, la sage-femme Mlle Dieynabou Diallo est aussi satisfaite : « Dans l’ensemble ça va puisque dès que vous les contactez pour une ambulance, ils vous rappellent immédiatement. Ça nous fait gagner du temps et ça nous permet de bien gérer le patient en attendant et de rassurer les parents pour qu’ils ne s’inquiètent pas pour le transport ».

Le Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS) qui héberge mInfoSanté a été créé le 1er décembre 2014. C’est une structure permanente de coordination des urgences sanitaires de portée nationale. Elle a un rôle dans la prévention, la détection et la réponse aux urgences.

Il n’y a que deux ambulances dans le district de Maka Colibantang et il peut arriver qu’elles soient en même temps occupées par des patients et même qu’on en ait besoin dans un 3e poste. C’est gênant mais avec mInfoSanté au moins, tous savent en même temps ce qui se passe et combien de temps ça prendra pour qu’elles soient disponibles. En attendant, ils peuvent mieux s’occuper du patient et de ses proches en les rassurant et en dispensant les premiers soins appropriés.

La sage-femme du poste de Saré Diamé, Mlle Maïmouna Camara ne dit pas le contraire : « Avant il fallait appeler pour procéder à une évacuation par ambulance. [Actuellement] La demande est écrite, on partage le diagnostic et donc la structure de référence peut préparer le plateau technique ».

Pour Seydou Guindo, l’infirmier du poste de Colibantang, « chaque fois qu’il y a un cas qui nécessite une évacuation par ambulance ça prend moins de 30 minutes et l’utilisation de mInfoSanté est facile et gratuite. Ça fonctionne avec les portables simples. C’est un outil qui est adapté à nos conditions de travail. »

Le centre de santé du district de Maka Colibantang, c’est le niveau supérieur dans la hiérarchie sanitaire où Adama Sène est technicien en maintenance biomédicale :

« Tout le monde est informé. Je dois juste appeler le chauffeur et la sage-femme peut se préparer. Avant il fallait passer deux appels ».

Selon le Dr Cheikh Tidiane Gadiaga, médecin chef du district : « On a une meilleure préparation de l’équipe de garde. Elle sait quel type de patient est en route. Au niveau du district, il y a seulement deux ambulances, nous avons une meilleure gestion. L’ICP sait quoi faire et ce qu’il peut faire en attendant l’ambulance. La mobilisation par le responsable et le chauffeur de garde est plus rapide ».

Adoption rapide de mInfoSanté à Maka Colibantang

Le district de Maka Colibantang n’a pas été choisi par hasard par le ministère de la Santé et le COUS pour effectuer un premier bilan : depuis 18 mois, l’utilisation de mInfoSanté y est devenue une routine que ce soit dans les évacuations pour la maternité mais aussi pour la diffusion de l’information sur l’un ou l’autre poste, les réunions au niveau du district, etc.

Pour parvenir à ce résultat, le Dr Cheikh Tidiane Gadiaga a donné l’instruction d’« utiliser obligatoirement mInfoSanté pour demander une ambulance. L’application a eu lieu juste après la formation. Et le succès est lié à l’appropriation. Si les utilisateurs sentent qu’il y a un suivi, ils vont l’utiliser. Ce n’est pas lié à une spécificité du district en lui-même ».

Quel est l’impact d’une telle utilisation ? On ne peut pas dire avec exactitude combien de vies ont été sauvées grâce à mInfoSanté mais il est clair que le gain de temps obtenu par une meilleure circulation de l’information, une meilleure coordination, une préparation adéquate des acteurs en plus de la mobilisation plus rapide et plus appropriée des ressources, réduit les risques de complication et par conséquent la mortalité. Dr Cheikh Tidiane Gadiaga en est convaincu : « Ça a un impact. Il y a des indicateurs. La contribution à la diminution des décès maternels est indirecte. Depuis 2017, aucun décès maternel n’a été enregistré. Avant, il y en avait en raison des retards dans les évacuations. La meilleure gestion des cas a fortement contribué à faire baisser aussi les décès dus à d’autres causes. mInfoSanté n’est pas la seule raison mais y a contribué ».

L’infirmier de Mboulemou Mamaye Diaby considère aussi que l’impact de l’utilisation de cet outil est significatif et tangible : « Pour les complications, ça a réduit, ce n’est pas uniquement pour la maternité qu’on fait les évacuations, la majeure partie c’est la maternité mais il y a aussi la médecine ».

Quand on demande aux utilisateurs de mInfoSanté si quelque chose pourrait être amélioré, ils répondent que le système est déjà très satisfaisant. M. Bassirou Ndiaye est l’infirmier chef du poste de santé de Saré Diamé : « Pour moi c’est bon, c’est très bon. Je ne vois pas ce qu’il faut améliorer. Et on l’a bien maîtrisé parce qu’on l’utilise chaque jour. Il y avait un problème au début parce que la sage-femme n’avait pas la plateforme, maintenant c’est réglé ».

Au poste de santé de Mboulemou, la sage-femme Mlle Dieynabou Diallo souhaite que plus de monde soit initié : « Je pense qu’il y a l’essentiel. Il faudrait le mettre à la disposition de tous les agents, et il faudrait former les gens pour qu’ils l’utilisent mieux. Pour le moment ils se débrouillent ». Khady Ndiaye, sage-femme au poste de santé de Colibantang va dans le même sens : « on peut former les autres, ce serait intéressant. Les autres personnes venues après la formation [en novembre 2016], si elles veulent évacuer [actuellement], elles doivent utiliser le portable de leur ICP. »

Les bénéficiaires des soins de santé au niveau des postes de santé, du centre de santé du district ou de l’hôpital de la région, ne sont pas au courant de l’existence de mInfoSanté et de la technologie qui permet son fonctionnement instantané mais il ne leur a pas échappé que les évacuations par ambulance sont plus rapides, que l’info sur l’ambulance à venir est disponible et aussi qu’à leur arrivée au centre de santé ou à l’hôpital, tout est en place.

Mme Woudé Faty du village de Mboulemou a accompagné dernièrement sa fille qui était au dernier stade de sa grossesse : « Avant il n’y avait pas d’ambulance et c’était très difficile avec la charrette, en plus la route est très mauvaise. Parfois le charretier n’est pas disponible. Maintenant l’ambulance est venue directement ». La sage-femme du poste de santé de Mboulemou les avait fait évacuer directement en utilisant mInfoSanté. Sans l’ambulance, la patiente aurait eu des complications aux conséquences potentiellement graves parce qu’elle avait de fortes douleurs au ventre. Le centre de santé était déjà informé de son cas par le texto du poste de santé. Elles étaient très contentes à la vue de l’ambulance, autrement, il aurait fallu prendre une moto ou une charrette.

La plateforme d’alerte mInfoSanté a été précédée par m-Ebola. Entre 2014 et 2015, la maladie à virus Ebola faisait des ravages en Afrique de l’ouest, particulièrement en Sierra Leone, en Guinée et au Libéria. Aujourd’hui, cette terrifiante maladie fait à nouveau parler d’elle en République Démocratique du Congo. Il vaut mieux prévenir que guérir…

Le coordinateur du COUS, le Dr Abdoulaye Bousso explique pourquoi après Ebola, mEbola a été reconverti en mInfoSanté : « Nous avions noté avec m-Ebola des fonctionnalités qui pourraient aider à améliorer notre système de notification en temps réel. Le téléphone mobile étant aujourd’hui très usité jusque dans les profondeurs de notre pays aussi bien par les professionnels de santé que par les populations. Son usage permettrait entre autres à améliorer la gestion des alertes et des rumeurs et le suivi des contacts. C’est pourquoi nous avons procédé à son re-paramétrage. »

M. Elhadji Mamadou Mbengue est le responsable informatique du COUS : « m-Ebola, était une initiative de partenaires tels que IntraHealth, l’OMS et l’Unicef que le COUS a porté avec le soutien de la Direction de la Prévention, de la Cellule Informatique, la DSISS [Division du Système d’information sanitaire et sociale] et de l’ADIE [Agence De l’Informatique de l’Etat].

Si un cas suspect devait être décelé dans le district de Maka Colibantang, il serait rapidement porté à la connaissance de tout le système de santé sénégalais et le Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS), qui gère la plateforme au niveau du Ministère de la Santé et de l’Action sociale en serait avisé littéralement à l’instant grâce au dashboard – le tableau de bord – où affluent toutes les données de mInfoSanté. Le cas suspect pourrait être identifié et traité avant qu’il ne contamine ses proches et ne répande le virus mortel dans les villages et les villes du pays.

Comme le rappelait la chargée de la communication du COUS, Mme Bineta Bocoum-Sarr, l’utilisation de mInfoSanté est gratuite pour ces utilisateurs mais l’envoi des textos, ledit tableau de bord et le logiciel Rapidpro qui gère tout le système ont un coût qui est actuellement pris en charge par l’UNICEF, un des partenaires du COUS et du Ministère de la Santé et de l’Action sociale. Pour le futur, on peut imaginer d’après Mme Bocoum-Sarr que les opérateurs de téléphonie mobile contribuent, par responsabilité sociétale, à la santé de la population sénégalaise en prenant en charge la diffusion et la gestion des textos de mInfoSanté. Mais il y a d’autres pistes qui pourront être explorées comme celle évoquée par Mme Aïssatou Sall-Fall, responsable de la cellule informatique du ministère de la Santé, pour elle « Le MSAS pourrait reprendre le financement du projet si [une] étude d’impact s’est avérée concluante. Les autorités du MSAS sont conscientes de l’apport des TIC [technologies de l’information et de la communication] pour l’amélioration des indicateurs de santé. La technologie mobile est très utilisée en ce moment vu le taux de pénétration de la téléphonie mobile. Aussi une stratégie santé digitale est en cours de validation pour mieux valoriser l’utilisation des TIC dans la politique de santé.

Le district sanitaire de Maka Colibantang est un modèle réduit rural du Sénégal dont l’utilisation exemplaire de mInfoSanté peut être reproduite avantageusement dans le reste du pays, que ce soit dans les régions où la plateforme est déjà déployée ou dans celles qui n’ont pas encore été initiées au système. Il est maintenant question d’une extension géographique pour couvrir tout le pays. Celle-ci pourrait aussi s’accompagner d’une extension démographique afin d’avoir plus de prestataires qui utilisent la plateforme dans les centres et postes de santé mais également au sein des communautés, pour une meilleure efficacité au service de la santé des populations.

Pour le coordinateur du COUS, le Dr Abdoulaye Bousso, « le bilan à mi-parcours est positif et nous avons eu un excellent retour des praticiens qui ont été formés. L’objectif sera de couvrir tout le pays d’ici la fin de l’année ». 

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